Aujourd'hui, c'était la onzième édition du cycle de conférences Femmes d'Histoire, organisée au Palais des Congrès et de la Culture en partenariat avec la ville du Mans et le Conseil Général, du cycle de conférences Femmes d'histoire, créé à l'origine en 1999. Le thème ? Les femmes en politique, aux portes du pouvoir avec des conférences et débats, animés par Nassira El Moaddem, journaliste. Après des exposés qui ont été donnés dans la matinée par Fanny Bugnon, historienne, et Mathilde Larrere, historienne, et des échanges très riches, l'après-midi était le plus attendu. Dans un premier temps, on a pu assister à une discussion entre Marlène Shiappa Secrétaire d' Etat auprès du Premier Ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et Nassira El Moaddem. Et dans un deuxième temps, le public a fait salle comble pour une table ronde sur le "défi de la participation des femmes à travers le monde", en présence de Maud Ritz, responsable des opérations à l'ONU Femmes France, occupant également des fonctions dans des O.N.G féministes, à ONU Femmes au Mexique, au Conseil Supérieur de l’Égalité Professionnelle (C.S.E.P), puis au cabinet de l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes; d'Elen Debost Adjointe au maire du Mans pour Europe écologie les Verts déléguée à la jeunesse et conseillère départementale; Ariane Chemin Grand Reporter au journal le Monde, auteure de plusieurs livres; de Nabila Mounib, chercheuse et professeure en endocrinologie et femme politique marocaine, première femme élue à la tête d'un parti politique au Maroc et de Najat Vallaud-Belkacem qui a occupé la fonction de Ministre des droits des femmes sous deux gouvernements ainsi que celui de Ministre de l'Education Nationale de l'Enseignement et de la Recherche.
Projet de loi contre les violence sexistesLors de son échange avec Nassira El Moaddem, Marlène Shiappa a évoqué la vie politique sur le plan national et sur le plan local, puisqu'elle a été adjointe au Maire du Mans et conseillère communautaire auprès du maire du Mans, le sujet du harcèlement sexuel, ainsi que les actions afin "d'améliorer la représentation des femmes en politique" et la "lutte contre une forme d'auto-censure de la part des femmes en ce qui concerne leur vie professionnelle en particulier dans la vie politique". Et d'expliquer : "Les femmes n'ont pas assez confiance en elles il y a tout un travail culturel à faire" . Au sujet du harcèlement, "si on a une libération de la parole" a-t-elle poursuivit, "il n'en est pas de même de l'écoute". Chantal Hersemeule, élue au droits des femmes, fondatrice de SOS femmes accueil 72, assurant une présence à l'espace Gisèle Halimi a voulu connaître en détail les projet de loi du nouveau gouvernement. Pour résumer, il s'agira d'une part d'une verbalisation du harcèlement de rue et des outrages sexistes et la mise en place d'une police de sécurité du quotidien de 10 000 personnes dont la fonction aurait également une vertu éducative et pédagogique. Le projet de loi devrait, d'autre part, "acter l'allongement" des délais de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs de 20 ans à 30 ans et "instaurer un non-consentement présumé" des enfants en matière de relations sexuelles, tout en rappelant que "seulement 1% des agresseurs sont condamnés par la justice".
Le défi de la participation des femmes à travers le monde
Puis, en préambule de la table ronde, une carte de la représentation des femmes en politique dans le monde a été présentée, avec sans surprise, les pays scandinaves les plus avancés, avec en exception le Rwanda où la place des femmes au parlement atteint les 61%, conséquence du génocide. En France, les femmes sont représentées par 30% de l'Assemblée Nationale, 29% au Sénat, tandis que 18% des femmes dans le monde occupent le poste de ministre.
La question du plafond de de verre a été évoquée par Najat Vallaud-Belkacem, en particulier de quelle manière il se manifeste. Celle-ci a évoqué "des attitudes" comme des photos de presse "déplacées", dans le but de "réduire l'impact de notre parole" en fournissant des anecdotes détaillées. Celle-ci ne compte plus le nombre de fois où on a parlé pour une femme "de ses humeurs, de ses caprices" quand ce n'est pas l'apellation de "sorcière". On trouve aussi beaucoup "de considérations sur le physique ou la tenue vestimentaire inappropriées", a renchérit Elen Debost.
Ariane Chemin appelée "Martine en banlieue" par (sans surprises) Eric Zemmour, a évoqué les remarques dont Ségolène Royal ( qui a quand même essuyé beaucoup de "plâtres") telles que : "Mais qui va garder les enfants?" ( signé Laurent Fabius), " la présidence ce n'est pas un concours de beauté" ( Jean-Luc Mélenchon), "La présidence n'est pas une affaire de mensurations" ( Martine Aubry), ou encore " elle aurait mieux de rester chez elle à lire ses fiches cuisines", ( DSK). Ariane Chemin a fait une enquête sur Dominique Strauss-Kahn, en particulier sur toutes protections dont celui-ci a bénéficié pour arriver au sommet, s'est fait remarquer que " comme par hasard ce sont des filles pudipondes" qui enquêtent. Comme cela en est l'habitude " on place ce genre de sujet sur le terrain de la morale" ( et du puritanisme), "alors qu'il ne s'agit pas de cela" a-t-elle détaillé. Celle-ci a remarqué qu'il y avait un parallèle entre la manière dont Macron a été élu et la tactique de Ségolène Royal ( qui avait voulu dépasser les partis), ainsi qu'entre l'affaire DSK et l'affaire Weinstein.
Najat Vallaud-Belkacem a également fait un constat sur le paradoxe de deux phénomènes : " on va dans le bon sens avec une baisse de la tolérance au sexisme, et en même temps on a un renforcement des préjugés qui sont de plus en plus confortés", en particulier à cause des réseaux sociaux car on ne retient que ce que l'on sait déjà. Celle-ci a également constaté le manque de confiance en soi des femmes : "Quand on demande à 7 ou 8 hommes une place politique de choix tous vont répondre présents, si on demande la même chose à des femmes, une seule va accepter en évoquant une sorte d'héroïsme à ne pas cumuler les fonctions"
Nabila Mounib a évoqué la situation dans son pays avec la montée des courants islamistes " où la misogynie ambiante est partout". Et de poursuivre : "Cela ne pose pas de problème, en revanche, que des hommes en politiques soient analphabètes".
La questions des quotas a évidemment été évoquée avec des bénéfices, ceux ci ne sauraient être suffisants quand il s'agit "de prendre de l'assurance et de la confiance en soi". cela passe bien sûr par l'éducation nationale mais aussi la recherche afin d'ouvrir de nouvelles pistes, devant un rôle du politique qui perd du terrain" avec des "partis en crise".
Ont également été évoqués la question de l'écriture inclusive, une langue étant "mouvante", la "possibilité des femmes a assumer plusieurs vies alors qu'auparavant les femmes étaient plus ou moins dans un jeu de rôle à imiter les code de la politique au masculin" remarquait par Anne Beauchef, conseillère municipale, conseillère communautaire et conseillère régionale, ainsi que par la place difficile des femmes de droite à affirmer leur place au sein de leur parti, "et la possibilité de trouver des alliances" se félicitait Najat Vallaud-Belkacem.
Vie d'Ailes.De gauche à droite : Ariane Chemin, grand reporter au journal Le Monde, Najat Vallaud-Belkacem , qui a été ministre au droit des femmes et à l'Education Nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Maud Ritz, responsable des opérations à l’Organisation des Nations Unies Femmes France, participante à des fonctions dans des O.N.G féministes, à ONU Femmes au Mexique,
au Conseil Supérieur de l’Égalité Professionnelle (C.S.E.P), puis au cabinet de l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Nassira El Moaddem, journaliste qui animait le débat, Nabila Mounib, Universitaire, chercheuse, docteure et professeure en endocrinologie à l’Université de Casablanca et femme politique marocaine, et Elen Debost, adjointe au maire du Mans Europe Ecologie les Verts, déléguée à la jeunesse et conseillère départementale, et écoféministe.
La loi Veil, en film
En conclusion du débat un film, La loi, le combat des femmes pour toutes les femmes réalisé par Christian Faure, retraçant les quatre jours de débat précédant le vote de la loi Veil, adoptée en 1975 proposée par Simone Veil ministre de la santé a été diffusé. Le personnage de la femme politique est magistralement interprétée par Emmanuelle Devos, tandis que son directeur de cabinet est joué par par Lorànt Deutsch, pour les acteurs principaux. On y voit ce que Simone Veil a du supporter à l'assemblée Nationale et dans son quotidien comme injures et humiliations du mouvement pro-vie ainsi que des députés, "ceux qui sont contre la loi et n'hésitent pas à faire avorter leurs maîtresses", remarque la femme politique qui s'est toujours montrée inflexible. A l'Assemblée Nationale, on a pas hésité à comparer l'avortement aux crimes des camps de concentrations, en faisant écouter le battement de coeur d'un foetus en pleine assemblée. Pour rappel la loi avait été proposée pour des raisons de santé publique, (non pas pour la liberté des femmes à disposer de leur propre corps). En effet, à l'époque on évoquait 250 000 avortements clandestins par jour et de 300 décès par an. La loi faisait tellement polémique dans les partis de droite qu'il a fallu acter la non-obligation des médecins à pratiquer l'IVG et le non-remboursement. La loi fut malgré tout votée à 284 voix contre 185. Ce n'est qu'en 1982 que l'IVG sera remboursée. A noter la grande fidélité du film à la réalité des faits, l'émotion et la force des discours de Simone Veil, mais aussi de Lucien Neuwirth qui s'est montré d'une rare humanité. Vie d'Ailes.
Emmanuelle Devos incarne Simone Veil à la perfection, dans le film La loi, le combat des femmes pour toutes les femmes réalisé par Christian Faure.
Le discours de Simone Veil en novembre 1974 sur le projet de loi éponyme.
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